Octobre 2014 – L’humain ne se remplace pas !

Cyril est en opération de comptage pour les Transports en Communs Bordelais. À l’avant du bus de la ligne 9, il s’occupe des montées à chaque arrêt. Cette enquête doit être la dernière du genre car les bus vont être équipés de cellules à infra-rouge qui feront le travail automatiquement. L’enquête a justement pour but de valider la fiabilité des compteurs automatiques sur un véhicule test.
C’est l’heure de pointe, les boulevards sont saturés, il faut deux heures pour rejoindre la Place Ravezies depuis la Gare Saint Jean. Au niveau du stade Chaban-Delmas, dans le flux des usagers, montent une femme et sa petite fille qui est visiblement épuisée.
Cyril est mal à l’aise sur son siège. Il est en proie à un dilemme cornélien car il a tout de suite remarqué l’état de fatigue de l’enfant qui a du mal à tenir sur ses jambes. Sa maman ne peut la prendre dans ses bras, le bus est bondé et les passagers assis ne sont pas prêts à céder leur siège. La mère et l’enfant se calent tant bien que mal.
N’y tenant plus, Cyril, entre deux arrêts, s’adresse à la maman :
–     Désolé, j’aurais aimé vous laisser ma place ! Mais je travaille pour TBM dans le cadre d’une enquête de comptage…et je dois garder la visibilité sur les montées…
–     Ce n’est pas grave, je comprends.
–     Votre petite fille a l’air très fatigué !
–   Oui, elle vient de faire une chute, elle s’est cognée. Je l’ai emmenée chez le médecin, rien de grave, il faut juste qu’elle se repose.
–     Si vous voulez, je peux la prendre sur mes genoux pour lui permettre de se reposer, mais je suis obligé de rester à ma place.
La mère propose à l’enfant qui est tout à fait d’accord. Elle grimpe sur les genoux de Cyril, lui fait un grand sourire, pose sa tête sur son épaule et…s’endort aussitôt.
Elle ne rouvrira les yeux qu’en arrivant à destination, Place Ravezies. Le travail de comptage de Cyril ne l’a pas du tout dérangée. Le petit déclic du compteur a peut-être même bercé son sommeil. Et Cyril a pu accomplir sa mission le cœur léger. En quittant le bus, pour le remercier, elle lui plaque un bisou sonore sur sa joue.
Aucune machine, même la plus sophistiquée, n’aurait pu proposer ce moment de tranquillité  à une petite fille qui ne tenait plus sur ses jambes.
Et, de plus, les compteurs électroniques se sont avérés moins fiables que les compteurs humains. À ce jour, TBM fait encore appel à Epsilon Marketing pour compter le nombre d’usagers qui empruntent les lignes de bus et de tram.
Décidemment, rien ne remplace l’humain !